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Dans la langue française, exceptés les anglicismes qui en découlent, un seul mot semble-t-il, contient un attelage de lettres en succession conduisant à "BLOG", aussi par cette simple observation, n'est-il pas difficile de comprendre que je me plais, voire me complais, dans la fréquentation de la langue de Molière. Celle-ci m'a permis, en écrivant L'Enfant trouvé dans un panier, de faire un très beau et long voyage dans le temps et dans l'espace en compagnie de quinze générations et d'en rendre compte en près de 800 pages - dont une cinquantaine de figures en iconographie - renseignées par 450 notes de bas de page. Commissaire divisionnaire honoraire et juge de proximité ayant tout juste achevé mon mandat non renouvelable de sept ans, je vis dans la belle Cité des Ducs de Bretagne, c'est à dire à Nantes, pour être plus accessible à ceux qui ont le droit de ne pas connaître l'histoire de cette ville attachante, de son magnifique château ou de son fier passé industriel naval. Située à l'embouchure de la Loire et aux portes de l'Océan, elle a vu naître, Cambronne, Jules Verne, Aristide Briand et Eric Tabarly qui vous souhaiterait sans doute ici : Bon vent et à Dieu vat !

jeudi 22 mars 2012

OUPS !

Pourquoi s’exclamer « Oups » en cas de surprise rencontrée ou de contrariété essuyée, de déception éprouvée ou d’erreur constatée, en signe d'admiration ou de manifestation d'incrédulité, au lieu de s'en tenir aux encore classi­ques, « Oh ! » d’étonnement et de sidération, ou « Ho ! » de protestation et de contestation, quand les locuteurs anglophones ne disposent même pas d’un « Spuo ! » de rechange ? Un de ces jours la singerie phonétique va aussi nous conduire à adopter « My God ! » que les étatsuniens lancent, à tout va et quand rien ne va, n’im­porte où et n’importe quand. Sur ce sujet, il est vrai que le Président des Etats-Unis prête serment sur la Bible, comme le font les témoins dans les prétoires, qu'ils soient mormons, animistes ou athées, que le Billet Vert porte la devise « In God We Trust » – et pour truster, ils s’y entendent – que le candidat républicain Romney est convaincu que la création du Monde remonte à 6 000 ans et que, de même obédience mais en rivalité d'investiture, l'intégriste Santorum tient monseigneur Lefêvre pour un grand libéral ! De l’autre bord, c'est-à-dire à l’autre bout de la planète, « Akuna matata ! » est pourtant beaucoup plus amusant que « No problem ! », mais on ne va tout de même pas s’abaisser à faire un emprunt linguistique à des popu­lations dont une des ethnies boit le sang des vaches au pipeline palpitant de leurs carotides pendant que ses représentants masculins, près de cases édifiées avec les bouses des mêmes, font, droits comme des « i », des bonds de deux mètres pour faire la cour à des créatu­res longilignes dont les lobes d’oreilles distendus sont longs comme des jours sans galette de sorgho. 
De ces deux exemples pris au hasard, qui ne verrait pas un rejet dégouté du second, et pour le premier, une docilité flagorneuse et rampante des Européens non insu­laires manifestée à l’égard de l’oncle Sam et du clown saturé de cholestérol de chez McDo ! Joignant le geste à la parole, en matière cette fois de mimétisme gestuel, les mêmes ont pris l’habitude de faire un mouvement ri­dicule et conventionnel en élevant leurs bras, en position d’orai­son sen­siblement à hauteur des yeux, avant de faire intervenir plus ou moins lentement, l'index et le majeur de chaque main, et tracer deux fois devant eux dans l'espace, autant de paires de crochets imaginaires et symboliques : ils veulent ainsi signaler à leur interlocuteur qu’ils sont en train de faire une citation, où encore, que le mot qui sort de leur auguste bouche doit être pris, soit dans son sens premier, soit dans celui du moment que lui ont attribué les répétiteurs mondains et appointés chargés d'orchestrer la grand-messe médiatique. 

Ils ne sont, "entre guillemets", que les singes savants d'une société en situation d'allégeance - et par ailleurs en train de perdre ses repères - qui se manifeste par différents signes, des plus grands, aux plus petits comme ici, et comme le font aussi dans une relation de dominants à dominés, les chimpanzés. Celle-ci se manifeste par de discrets gestes de commandement ou de soumission, l'initiative d'une main tendue pour le premier, un regard baissé en attente pour le second, quand l'Humain lui, copiera le comportement de certains autres de ses congénères. Ils révèlent, au zoologiste concernant les premiers, à l'anthropologue s'agissant du dernier et en autant de petits riens, qui est le meneur du groupe, et qui lui est subordonné, et comme dans la société humaine, le mammifère simiesque tirera de cette dépendance acceptée, une sorte de confort tranquille dans lequel il s'installera, puis même, se complaira en mangeant peinardement ses bananes !

Personne, par contre, ne se hasarde à essayer de dire bonjour à son voisin en frottant son nez contre le sien ; il est vrai que se recommander de cette référence culturelle imprégnée d'odeur rance et suintante de graisse de phoques martyrisés, aurait quelque chose d'Inuit. Pas de candidat hexagonal non plus pour se confondre en courbettes de geishas jusqu'à balayer le sol à s’en fracturer les cervicales, pour marquer le moindre consentement, ou l'acquiescement le plus insignifiant, dans une démonstration cérémonieuse et gesticulatoire inversement proportionnelle à l'importance de l'accord intervenu ; il faut dire que des gens qui raffolent de méduses séchées mangées en salades et qui ont pour proches voisins, de fins gourmets habitués à consommer sans modération du chien jaune, ne peuvent pas être tout à fait nor­maux, et en tout cas, certainement pas de bons chrétiens. Oups, j’ai dit « chrétien » ? My God ! ... of course.

mercredi 21 mars 2012

OULIPO (OUVROIR DE LITTERATURE POTENTIELLE) : L'EMPLOI D'UN FRANCAIS FACETIEUX.


 








De Raymond Queneau à Marcel Duchamp,* de Georges Perec à Italo Calvino, tous actuellement dispensés de réunion au siège de l'Oulipo pour cause de décès,** ce courant intellectuel né en novembre 1960, dans un café de la rue du Bac à Paris, ne manque pas, outre ces défunts membres respectables, de sympathisants d'origines diverses et variées : Jacques Dutronc (J'ai fait le mort à Baltimore), Boby Lapointe (Sa Katie l'a quitté) ou Mc Solaar (Qui sème le vent récolte le tempo). Ces chanteurs nous donnent le ton, tout comme ont su le faire les humoristes, Raymond Devos (La mer démontée) et Coluche un jour où, par exception, il était drôle (Il n'y a Pas-de-Calais) ; ou encore, Gad Elmaleh qui, se mettant dans la peau d'un agent immobilier, vante, en tirant laborieusement partie de l'eu- phonie entre néon et Napoléon, un logement qu'il qualifie (un peu facilement) de bon ap- part' ; plus subtil est évidemment Le Chat de Geluk, passé maître à penser en deux temps et trois phylactères qui, devant une assiette où la nourriture se fait rare, constate et se plaint : Ma femme, m'affame" où, accoutré en pêcheur parisien qui ne rentrera pas bredouille, phi- losophe en fixant son poisson : "Mort en sortant de la Seine... comme Molière" avant de sou- peser, ailleurs et avec la précision d'un apo- thicaire, que : "Qui peut le pluss... peut le moin."

L'Ouvroir de Littérature Potentielle, c'est le bonheur de pouvoir jouer irrespectueusement avec une langue, avec ses mots, sa syntaxe, et même l'architecture d'un texte, dont on peut impunément chahuter les fondamentaux. Dans ce genre d'exercice, un des combattants de la première heure, Georges Perec se signalera par un pangramme des plus cours mais de loin le plus sensé, c'est à dire par la plus courte phrase contenant au moins une fois toutes les lettres de l'alphabet : " Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume." et le père spirituel des Oulipiens écrira un roman en snobant la lettre "e" de la première à la dernière ligne ; l'inattendu Victor Hugo se fendra par anticipation d'un distique en holorime (Deux générales déjeunaient / De jeunes râles des genêts) ; avec un corps défendant qui ferait sourire le premier mathématicien venu un peu familiarisé avec le calcul des probabilités, l'illustre Corneille, dans l'acte IV (scène 2) d'Horace s'adressant à Curiace, pondra sept alexandrins qui, pris dans la succession de la première lettre de chacun d'eux, feront naître un élégant acrostiche : "SALE CUL" ; le discret et regretté Me Capelovici se fendra d'un innocent palindrome : "ERIC NOTRE VALET ALLA TE LAVER TON CIRE" avant qu'un facétieux, en toute évaluation des conséquences, ne substitue au prénom de Eric, celui de Luc ; évidemment, il viendra aussi remplacer le mot "CIRE" ; le mot de la fin en quelque sorte ! Montrant que cet art n'a pas de frontières, Théodore Roosevelt mettra les doigts dans le pot déconfiture*** français : "A man, a plan, a canal : Panama !", mais avec plus de bonheur qu'un certain Ferdinand de Lesseps précédemment tenu en odeur de péculat. Mais après çà, entre l’écrivain prolifique, le dramaturge fécond et l’homme politique à roulettes, qui pourra maintenant nous convain­cre que ces gens étaient suffisamment sérieux pour pouvoir se permettre : les deux premiers, de décider du sort de notre scolarité, le troisième, de celui de la planète ! 

Le plus ordinaire des Oulipiens chaussant les pantoufles de M. Jourdain est sans doute l'innocent cruciverbiste qui, au très fin Tristan Bernard, répondra peut-être "entracte" à la définition de "Vide les baignoires et remplit les lavabos". En tout cas, qu'il réponde ou non "ENA" à la définition de "Raffinerie d'huiles" ou "ronfler" à celle de "Musique de chambre", il trouvera autant de choses d'abondance à lire sur : 
 http://www.fatrazie.com/oulipo.htm
 et  
http://www.oulipo.net/
*  "la fameuse pissotière [...] dont on ne tient que des répliques, puisque « l’auteur »  a
fâcheusement perdu le précieux original en 1917. L'Enfant trouvé dans un panier, vol.2 CH XX page 73.
** "Une fois élu chaque membre ne peut démissionner qu’en se suicidant devant L'Enfant trouvé dans un panier, vol.2 CH XXIII page 142.huissier."  
*** contribution personnelle, modeste et gratuite à la cause.

 

dimanche 18 mars 2012

DE L'IDENTITE.




"Il semble que l'identité soit parfois problème
d’intimité allant jusqu’à concerner l’essence
de la personne humaine, de telle sorte que
chez les amérindiens de la nation navajo,
chacun a une identité secrète partagée avec
ses seuls parents biologiques et une autre
identité, à la fois vernaculaire qui est utilisée
par l’ensemble de sa communauté et
véhiculaire pour ceux qui n’appartiennent
pas au groupe considéré. En Mongolie, il
existerait une pratique similaire employée,
cette fois, pour se protéger des esprits
malfaisants en les égarant dans leurs
recherches par ce stratagème ; il
conduirait ainsi les entités du malheur en
maraude sur une fausse piste. Par un bel
après-midi du printemps 2010, un prévenu
appartenant à la catégorie des gens du
voyages, ceux que les gendarmes ont
élégamment qualifiés de MENS pour
« Minorité Ethnique Non Sédentarisée »,
expliquait, à l’audience du tribunal
correctionnel de Saint-Nazaire, qu’il ne
pouvait pas donner l’alibi qui
l’innocenterait. Pour ce faire, il aurait dû,
en effet, communiquer l’identité d’un
parent décédé depuis la commission du
délit pour lequel il comparaissait alors que
la coutume des siens interdisait
formellement et en toute circonstance de
prononcer le nom d’un mort. Qu’en penser ?"
L'Enfant trouvé dans un panier, vol.2 CH XXII page 63.

SUR LA POLLUTION.





"Dans cette maison qu’est notre univers,
le plancher des ressources naturelles
s’abaisse pendant que le plafond de la
consommation s’élève, ce qui fait que le
toit de la cabane, un jour, va forcément
nous tomber sur la tête. L’empreinte
écologique individuelle qui illustre les
exigences de consommation moyenne d’un
terrien correspond à l’utilisation par
habitant de 2,9 hectares. Pendant ce temps,
la planète ne peut fournir à chacun d’entre
eux que 1,9 hectare selon une répartition
par division qui est qualifiée de bio capacité.
Certains appellent cette situation « la perte
silencieuse du capital naturel ». Autrement
exprimé et selon un phénomène de bascule
apparu en 1970, nous sommes en train de
bouffer la grenouille : notre capital ne
produit plus d’intérêts que nous aurions
mieux fait de réinvestir avec discernement.
Il n’y a plus de rente et le principal de la
somme se réduit. Nous la dilapidons avec
une imprudence qui se paiera plus vite que
nous ne le pensons. Le genre humain est 
arithmétiquement condamné et s’éteindra
donc sans gloire. L’Homme disparaîtra
noyé dans la fosse d’aisance de l’univers
avec la seule consolation, bien insignifiante, 
qu’aucune tête n’émergera du cloaque
victorieux." L'Enfant trouvé dans un panier, vol.1 CH VII page 135.

LE TEMPS, CET ATTRAPE-NIGAUD !

"Ce ne sont pas les faits qui alimentent le réservoir de notre passé, c’est leur transformation dans le chapeau noir du temps soumis à la baguette magique de l’oubli et de ses assistants truqueurs et manipulateurs qui rendent le climax indécelable, autrement dit, c’est le souvenir qu’on peut en avoir !" L'Enfant trouvé dans un panier, Vol.1 CH V page 108.