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Dans la langue française, exceptés les anglicismes qui en découlent, un seul mot semble-t-il, contient un attelage de lettres en succession conduisant à "BLOG", aussi par cette simple observation, n'est-il pas difficile de comprendre que je me plais, voire me complais, dans la fréquentation de la langue de Molière. Celle-ci m'a permis, en écrivant L'Enfant trouvé dans un panier, de faire un très beau et long voyage dans le temps et dans l'espace en compagnie de quinze générations et d'en rendre compte en près de 800 pages - dont une cinquantaine de figures en iconographie - renseignées par 450 notes de bas de page. Commissaire divisionnaire honoraire et juge de proximité ayant tout juste achevé mon mandat non renouvelable de sept ans, je vis dans la belle Cité des Ducs de Bretagne, c'est à dire à Nantes, pour être plus accessible à ceux qui ont le droit de ne pas connaître l'histoire de cette ville attachante, de son magnifique château ou de son fier passé industriel naval. Située à l'embouchure de la Loire et aux portes de l'Océan, elle a vu naître, Cambronne, Jules Verne, Aristide Briand et Eric Tabarly qui vous souhaiterait sans doute ici : Bon vent et à Dieu vat !

dimanche 25 mars 2012

QUE CELUI QUI N'A JAMAIS pêché LUI JETTE LE PREMIER POISSON !

Qui peut et n'empêche, pèche ! (Loysel ; 1536 - 1617 : plus ou moins père spirituel de la notion de délit de Non assistance à personne en danger). Qui peut et n'empêche, pêche !  (Les Bidochon : plus ou moins rois des c...)
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Qui ne s’est jamais embrouillé sur le bon emploi de   termes   ou   expres-
sions, soit par méconnaissance de son sujet, soit parce que sa langue a fourché, soit encore pour cause de lapsus, plus ou moins révélateur, ou enfin parce que, pourtant très au fait de l’expression, un mot pour un autre est parvenu à s’introduire dans l’esprit et le discours ? C’est un peu comme si le cerveau avait décidé de faire un instant sécession au détriment de son propriétaire, de déménager à la cloche de bois ou de faire l’école buissonnière, de déclarer son indépen­dance qui ne sera qu’intermittente. L’artisan électricien du quartier dirait que le plafonnier est tombé en panne par la conséquence d’un court-circuit, et peut-être le neurologue, que le patient a été soumis à une perturbation électrique ayant eu pour effet de détourner passagèrement le cheminement naturel des mots ; ils ont été envoyés dans la gare de triage, des erreurs et parfois des bêtises, parce  qu'ils ont été maladroite­ment aiguillés le long de synapses dura­ble­ment reliés aux neurones de l’in­cohé­rence et de l’imbécil­lité. De manière plus neutre chez les malades qui en sont atteints, il peut ré­sulter plus géné- ralement de cette faiblesse, des interversions de syllabes et des mélanges sans in­térêt comme celui, sans pouvoir rectifier le travers, d’être condamné à ne pouvoir dire, ex abrupto et si le sujet s’en fait sentir, autre chose que « bouchet de crocherie » au lieu de « crochet de bou­cherie », ce qui n’a, ni sens, ni intérêt, ou, tout de go et tout de même plus fré- quemment comme au restaurant, « verre au vin »  au lieu de « vin au verre ». Le mal n’est pas bien grand. Il peut même en résulter une création heureuse et purement accidentelle, comme celle conduisant, au regard de ses habituelles bizarreries et de ses cocasseries ordinaires, à qualifier un certain Hubert, de  "hubert-lulu" !

Ce désordre est le résultat, sans qu’il ne l’ait choisi, de la création, non voulue, d’un parcours un peu fantaisiste des informations codées du cerveau selon un circuit semi réflexe à l’image de ce que font les répétitives empreintes animales dans une coulée qui devient pour le gibier son lieu de passage machinal et renouvelé : elles marquent le sol et indiquent la voie à suivre le long de ce discret sillon. De la même manière les ingénieurs connaissent bien ces micro cou- rants parasites qui peuvent serpenter dans les pièces de métal ; ils empruntent systéma- tiquement le même parcours de telle sorte qu'ils finissent à la longue par éroder le support conducteur le long du chemin de circulation des miliampères. Sur le plan physique et humain, la répétition des gestes qui sollicite toujours les même circuits ner- veux, permet un apprentissage qui conduit à l'acquisition d'une parfaite imitation. Elle autorise même que son exécution se fasse sans y réfléchir et de façon automa­tique.

Le golfeur, par sa « routine » avant « d'adresser la balle », et comme pour ouvrir le tiroir des choses qu'il maîtrise, ira, par une ébau­che, jusqu’à s'imprégner de la complexité du coup à venir, ou même, le week-end passé, s’entraînera à son bureau en faisant très sérieusement du « practice mental ». L'athlète dans sa discipline du saut en hauteur matérialisera, en dodelinant de la tête, les foulées qui le séparent du franchissement victorieux de la barre. D’ailleurs, c’est aux « neurones miroirs » ou « neurones écho » que nous devons de pouvoir répéter avec exactitude et à l’identique les mouvements qui nous sont montrés : revers de tennis ou papinade menaçant le gardien de but, figure de gymnastique ou pas de danse et encore, putting du golfeur, dans une particularité qui fait que si le dernier excelle sur le green, il se produira avec le même bonheur sur le court ; c'est ce qu'on appelle tout simplement être doué : autant dire que nous ne sommes pas égaux au regard les aptitudes que procurent ces précieux neurones plein de ressources dont on pense aussi qu’ils influent sur l’empathie par la capacité qu’ils donnent de pouvoir s’identifier à l’autre et se mettre à sa place… mais, c’est une autre histoire, de celle qui entraîne encore que celui qui bâille provoquera le bâillement son voisin ! En tout cas, l'homme disposant d'intéressantes possi- bilités physiques, aurait aussi en sommeil, une belle personnalité sur le plan social : les eugénistes vont être aux anges.

Sur le plan des idées, l’affaire peut devenir dérangeante  quand le même organe mou et gris se fait le cons­tructeur d’un piège à malice, quand il escamote le mot juste, le substitue à un autre – souvent approchant phonétique- ment, mais pas forcément ; parfois en rapport, mais pas nécessairement  – et interdit de faire ressurgir le premier, comme si la gêne res- sentie avait pour effet de brouiller davantage les pistes et les traces. Comme dans le cas des sportifs, le siège supposé de la raison a réglé l'accès, la présentation et l'ordre de sortie selon une manière qui fait qu'il n'a presque plus à consulter son propriétaire ; mais ici, au contraire et en loucedé, ils passent tous par des sentiers de contrebandiers et par une habitude clandestine qui s'est installée à l'insu du sujet soumis à des impulsions électriques répétées qui emberlificotent le siège de la parole ;  elles lui feront ainsi franchir la frontière des mots et des sons voulus, et arriver au pays de ceux sur lesquels il n'a pas le contrôle. C’est ainsi que, s’a­gissant d’évoquer cette technique d’identification judiciaire des individus par leurs caracté- ristiques et détails physiques qui a fait le bonheur de plusieurs générations de fins limiers, l’anthropométrie de­vient alors « l’an­thropom… orphisme » donnant au malheureux Bertillon quelque chose de la dégaine excentrique du Lapin Blanc de Alice au Pays des Merveilles. Une sorte de coquecigrue phonétique était passée par-là, à la différence que Rabelais en avait volontairement fait, par l'alliance du nom de trois volatiles bien réels, ce qui allait devenir un petit bijou sémantique et l'illustration de la ruine des espoirs de Picrochole, vaincu par Grangousier, de re- trouver promptement son royaume. N'est pas Gargantua qui veut ! 

Ici,c'était comme ci la bouche avait parlé sans en demander l'autorisation à celui qui en est le détenteur. Douloureuse expérience pour quel- qu’un sortant d’une école que le journal Le Monde a qualifiée de prestigieuse et que la chose policière a nourri pendant plus de trente-cinq ans ! Il suffisait pourtant, avec l’excuse d’avoir eu à prononcer un mot un peu long et au demeurant composé d’un préfixe et d’un suffixe un peu savant, de le rectifier sans préjudice, mais à cela près, qu’à cet instant évidemment, le siège de l’esprit s’était entêté à se mettre aux abonnés absents. La bouche en plus d'avoir été désobéissante et pour rendre la mutinerie complète avait maintenant décidée d'être muette ! Passèrent alors un grand moment de solitude et des se­condes d’une longueur à remettre en cause la théorie de la relativité, devant un interlocuteur qui lui, avait bien senti que cette histoire de lapin ne tenait pas vrai­ment debout, et s’attendait quand même à une chute rené­gociée de la phrase ; fâcheusement pour la réputation et la notoriété du locuteur, le mot ne venant pas, elle ne se produira pas…

Ailleurs, cet exercice le plus souvent invo- lontaire permettra d’entendre dans une bouche princière et monégasque que : « Les chevaux sont des êtres humains comme les autres. » ou, dans celle d’une présentatrice d’un journal télévisé, que Albert II, le roi des Belges « a été opéré mardi des suites d’une fracture du col de l’utérus » quand ce n’est pas un Bernard Kouchner qui relève  – mais ici, c’est parce que l’instant d’avant, il ignorait jusqu’à l’existence des Ouïgours subitement projetés sous les feux de l’actualité internationale – que « ce sont des musulmans, les  yoghourts » ! Faiblesse auditive : il n’avait pas eu l’oreille assez fine pour saisir dis- tinctement l'étrange « nationalité » conte- nue dans la question posée. Du ma­riage de la bourde intellectuelle et du lapsus lin- guistique naissent alors spontanément des ju­meaux bien portants dont l'un au moins connaîtra, c'est sûr, longue vie : la honte d’abord, l’amusement  ensuite.

Le robinet à image, plus connu par figure métonymique sous l’appellation de « petit écran », peut parfois en donner quel- qu’aperçu et même le faire passer comme un lettre à la poste, ce qui ne fait pas pour autant disparaître l’alerte sémantique : « Pour quel- qu'un qui a autant devancé et accompagné les mouvements de la télévision, je suis assez surprise que vous ne vous  intéressiez pas da- vantage à l’as­­pect presque sociologique voire entomologique de la télé-réalité ? » « Ouais, j’sais pas… », ré­pondra finement et ainsi interrogé, l’interlocuteur dont l’air satisfait n’en sera pas autrement affecté. S'il n'y avait vraiment rien à soupeser dans la réponse, la question posée se voulait-elle « anthro- pologique » ou « ethno­­logique », mots qui tout de même paraîssaient, en bonne logique et dans le contexte, mieux venus ? A moins que la référence à l'intéressante étude des insectes n’ait été clairement voulue et sciemment avancée de manière ironique pour bien montrer, peut-être, que ce type d’émission rassemblait des participants en autant d’es- cadrons de mouches à merde qui s’agitent dans tous les sens et se battent telles des fourmis combattantes, avant que certains d’entre eux, de larves qu’ils sont, ne se muent en éphémères papillons sous les phares médiatiques où ils finiront bien par se bruler les ailes  ? Le spectateur télévisuel ne sort pas forcément de l’École supérieure de Journalisme de Paris : Confusion ou subtilité ! « Fabouillage » ou amorce méta­pho­rique ! On ne le saura jamais, ce qui ne change rien à l’estime que mérite cette journaliste dont les propos et les observations sont toujours pertinents et le patronyme évoque, à une lettre près, un corps ap­partenant au domaine stellaire et, par sa  propriété d’émettre des ondes, la radio … mais pas la télévision où elle se produit chaque samedi soir chez Ruquier.

Bon ! Peut-être existe-t-il aussi quelques représentants de l'espèce humaine dont le crâne en forme de cage de Faraday les rend insensibles aux décharges électriques qui affectent les cerveaux ordinaires et d'où qu'elles viennent, à moins qu'il ne s'agisse plus simplement de crétins congénitaux. Il seront alors autorisés à dire de leur fille, tout juste débutante au piano, qu'elle en est au prépuce au lieu des prémices, et qu'untel, amateur virtuose du trombone à coulisse est un vrai mégalomane. Et, sur le sujet, nous n'en sommes qu'à la musique...

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