Actuellement, la France a
pour Président de la République un singularité qui, si elle pouvait utiliser
les lettres qui composent son nom pour jouer au Scrabble, serait assurée de la victoire
que le ha-
sard lui
permette
d’en faire
quelque
chose. Un
seul ad-
versaire,
peut-être
et s’il é-
tait en-
core de
ce monde, et à cela près qu’au fond du sac à jetons on ne retrouve qu’une seule fois la lettre « k », aurait pu lui ravir le score et la partie : l’aimable Krazuki disparu trop vite, et tout à la fois comme s’il était possible d’en faire la distinction au pays de Jaurès et d’Aristide Briand, homme politique et phare syndicaliste de la Cégété de la fin du siècle dernier.
Scrabble oui, victoire à
l’élection du Président de la République, version 2012, peut-être ? Aussi
convient-il de faire flèche de tout bois quand d’autres, sur le feu allumé avec le même,
préfèrent y jeter de l’huile. Les
deux tours de l’élection ont été fixés au 22 avril et au 6 mai. C’est le plus
déloyal complot que l’on puisse ourdir des suites évidentes d’une manoeuvre antirépublicaine sans nom et de honteuses manigances partisanes et combi- natoires : l’élection
se fera pendant les va- cances de Pâques, que les trois zones aca- démiques seront
aux champs pour le premier tour, et que la partie de ceux qui n’y seraient plus pour le
second, pratiquera l'évasion électorale, comme d'autres l'évasion fiscale, pour pouvoir profiter des bienfaits d’un week-end en forme de viaduc
sur fond de victoire de 1945.
Calcul de politiciens véreux et, pourquoi pas, prévaricateurs ! En effet, il est su et prouvé que les enseignants de l’Éducation, nationale ou pas,
qui votent tous comme un seul homme, d’abord, sont tous des sympathisants du Parti socialiste qu’on cherche à abattre en la
cir- constance, ensuite, profiteront des vacances pascales pour se refaire, sur
fond de mer renouvelée, de grasses prairies ou de mon- tagne vivifiante, une
santé mise à rude épreuve depuis la rentrée des classes. Autant d’électeurs que
l’on peut chiffrer à un million et plus du triple, soit près de dix pour cent des urnistes et en tout cas de quoi tout faire basculer, si on veut bien y ajouter, bobonne en fidèle épouse et, les deux lardons sta- tistiques du couple, en dignes fils de leur père. Il
en résultera que pour la Gauche-Unie, les urnes seront désertées, les isoloirs
isolés et les listes d’émargement vides, au grand bénéfice des électeurs d'une
droite calculatrice et scélérate.
Les mêmes, qui se plaignent
du piège tendu, sont pourtant ceux qui affirment que leur trop plein de
vacances ne s’accorde pas avec leur trop peu d’argent qui les empêche de partir,
oubliant un peu aussi, que le vote par pro- curation, depuis des années, n’a plus
besoin de justificatif et est compatible avec la sieste faite sous les pommiers du
jardin creusois de la belle-mère plutôt acariâtre, ou encore, à l’ombre des murs du mas
de l’oncle à héritage qu’il faut chouchouter par une présence hy- pocrite et plus assidue que
réellement affec- tueuse.
Il n’empêche que, pour tout
un chacun, même celui de mauvaise foi, l’objection paraît re- cevable, puisque la
sortie du prince consort qui voudrait bien qu'on l'y rente après cinq ans de
quinquennat, n’est pas une surprise de celle qui excuse d’agir dans la pagaille
de mesures aux conséquences mal évaluées ou l'im- provisation organisée.
Mais pourquoi continuer de faire
voisiner, et cette période des bulletins de vote, et celle des bourgeons printaniers,
entre la floraison des cerisiers et des jacinthes bien trop proches des
bagarres nocturnes entre colleurs d’affiches obnubilés et du tripotage des listes électorales
de la plus basse entreprise. Tout simplement parce que l’article 7 de la Constitution
de la Cinquième République précise que «
le scrutin pour l'élection du nouveau président a lieu […] vingt jours au moins
et trente-cinq jours au plus avant l'ouverture de la vacance ». A défaut, chacun des passagers du vol républicain hexa- gonal ne manquerait pas de poser la question légitime et existentielle : « Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?»
Qu’on se le dise et mes empressés compli- ments
à Machiavel et à ceux qui dénoncent
ses procédés ! Puisque ceux qui
le pourront, re- tourneront, prochainement et par deux fois à l’école, qu’ils en
profitent pour mieux appré- hender, dans la hiérarchie des normes, les textes juridiques
placés au sommet de la py- ramide des éléments du droit sous lesquels fonctionne notre pays. Le 6 mai renvoie à une période située entre le jeudi 12 avril et le
ven- dredi 27 ne laissant ainsi la place qu’à deux week-end, même si rien dans la
Constitution n'empêche qu’il puisse être procédé à la consultation populaire, le
« jour des mou- les », c’est à dire le lundi, pour ceux que la conchyliculture
intéresse, ou le jour du pois- son, c'est-à-dire le vendredi, pour les
incondi- tionnels de monseigneur Lefêvre.
* Addendum :
Je viens de me rendre compte que le titre du message est contenu dans un sketch de Colu- che et j'en suis fort marri, car et très de loin, ce n'est pas l'humoriste que je préfère.
* L'Enfant trouvé dans un panier , vol.1 CH I page 23